Pose du diagnostic

Établir un diagnostic

Le diagnostic de la maladie de Crohn résulte d’un faisceau d’arguments à la fois cliniques, biologiques, endoscopiques, radiologiques et histologiques. 6


Consultation avec le gastro-entérologue 

Chez les patients en rémission, l’intervalle de surveillance est de 6 mois à 1 an, selon la durée de la rémission clinique et des traitements en cours. Avant toute désescalade ou arrêt de traitement, il est important d’évaluer la cicatrisation de la muqueuse. 6

Le médecin traitant et le gastro-entérologue ou spécialiste de médecine interne coordonnent le suivi des patients. 7
La prise en charge globale de la maladie de Crohn peut faire intervenir divers soignants, notamment des : radiologues, anatomopathologistes, chirurgiens, autres spécialistes selon les comorbidités du patient et les effets indésirables des traitements (rhumatologues, dermatologues, gynécologues-obstétriciens, ophtalmologues, psychiatres…), médecins ayant une compétence en addictologie pour une aide au sevrage tabagique, chirurgiens-dentistes… 7
Selon les circonstances, d’autres professionnels de santé peuvent également intervenir : psychologues, infirmiers, stomathérapeutes, kinésithérapeutes, diététiciens… 7

 

Suivi du patient


La prise en charge médicamenteuse

À ce jour, il n’existe pas de traitement médical curatif de la maladie de Crohn, mais les traitements actuels peuvent permettre un contrôle des symptômes sur de longues périodes. 3

Les objectifs du traitement : 3

  • Traiter les poussées de la maladie de Crohn et favoriser la cicatrisation de la muqueuse digestive à l’endoscopie.
  • Prévenir les rechutes.
  • Eviter la chirurgie.
  • Maintenir un bon état nutritionnel.
  • Améliorer la qualité de vie.
  • Informer le patient et ses proches.

Les différents traitements disponibles dans la prise en charge de la maladie de Crohn: 3,8

  • Les traitements dits «conventionnels» : les corticoïdes et les immunosuppresseurs.
  • Les biomédicaments immunomodulateurs ou biothérapies : ils sont constitués d’anticorps monoclonaux dirigés contre le TNF alpha ou des interleukines entre autres.

Les autres traitements disponibles selon les besoins : 7

  • Les antibiotiques, s’il y a suspicion d’infection intestinale ou pour le traitement des abcès et de certaines lésions ano-périnéales actives.
  • Fer, sels de magnésium, acide folique ou alphatocophérol en cas de carence.
  • Des antalgiques (à l’exception des AINS non salicylés) et antispasmodiques pour le traitement symptomatique des douleurs et diarrhées.
  • Traitement de sevrage tabagique…

Grossesse 

Il est conseillé de débuter une grossesse lorsque la maladie de Crohn est inactive, en phase de rémission. 3 En cas de grossesse, la prise en charge thérapeutique pourra être adaptée si nécessaire. 3

Intervenir en phase de poussées

Des douleurs abdominales (spasmes, brûlures) parfois fortes, par crises, similaires à celles causées par l’appendicite, une diarrhée qui dure, des douleurs anales et/ou des écoulements de glaire ou de sang par l’anus, une perte d’appétit, des nausées et vomissements sont les signes possibles d’une poussée de la maladie de Crohn, qui doivent inciter les patients à consulter leur médecin. La fatigue et un amaigrissement, des symptômes articulaires, cutanés ou oculaires sont également des motifs de consultation. 3

Intervenir en phase de rémission

  • Encourager la poursuite d’une bonne observance du traitement médicamenteux. 3
  • Conseiller les patients sur l’intérêt d’une alimentation diversifiée et équilibrée. L'alimentation n’influe pas sur le cours de la maladie de Crohn. Il est donc inutile de suivre un régime particulier. Au contraire, l’alimentation doit rester équilibrée pour compenser les pertes liées à la maladie et éviter toute carence. 3

Points de vigilance


Vaccinations des patients atteints de MICI

Dès le diagnostic de MICI, la prévention des risques infectieux par la vaccination doit être mise en place : 9

  • Vérifier les vaccinations déjà réalisées.
  • Réaliser un contrôle sérologique si nécessaire (statut hépatique B ou varicelle en l’absence de varicelle documentée).
  • Recommander certaines vaccinations : 3,9
    • L’ensemble des rappels recommandés dans le calendrier vaccinal.
    • Le vaccin contre la varicelle en cas de sérologie négative ou en cas d’absence de varicelle.
    • Le vaccin contre les papillomavirus humains (HPV) chez les jeunes adolescents.
    • Le vaccin contre l’hépatite B en cas de sérologie négative.
    • Les vaccins contre l’hépatite A et la fièvre jaune si des voyages en zone endémique sont prévus (respect de l’obligation vaccinale).
    • Le vaccin pneumococcique.
    • Le vaccin contre la grippe A (H1N1) et celui contre la grippe saisonnière.

Avant la mise en route d'un traitement (corticothérapie, immunosuppresseurs et/ou biothérapie), les vaccinations doivent être mises à jour, dans le respect d’éventuelles contre-indications. 3

Une fois le patient sous traitement immunosuppresseur (corticoïdes à plus de 20 mg/j d’équivalent prednisolone depuis plus de 2 semaines, immunosuppresseurs, biothérapies…) : 9

  • Les vaccins vivants atténués sont contre-indiqués (risque de survenue d’une maladie vaccinale). Les vaccins vivants atténués sont à réaliser 3 semaines avant le début du traitement immunosuppresseur ou 3 mois après son arrêt.
  • Les vaccins inactivés et recombinants peuvent être administrés.

Recommandations vaccinales pour les patients traités par immunosuppresseurs, corticothérapie et/ou biothérapie pour une maladie inflammatoire chronique 10

Vaccins vivants atténuésVaccins inactivés et sous-unitaires
Contre-indiquésSpécifiquement recommandésMêmes recommandations qu'en population générale
  • BCG
  • Rougeole-oreillons-rubéole
  • Varicelle
  • Rotavirus
  • Grippe saisonnière (vaccin nasal)
  • Fièvre jaune
  • Grippe saisonnière (vaccin injectable)
  • Pneumocoque
  • Diphtérie, tétanos, polio, coqueluche
  • Hépatite A et B
  • Méningocoque A,B,C,Y,W
  • Haemophilus influenzae de type b
  • HPV

Vaccination contre la COVID-19

  • Chez les patients atteints de MICI, le taux de contamination par la COVID-19 semble comparable à celui de la population générale. Hormis pour les corticoïdes oraux, les autres traitements des MICI (immunosuppresseurs ou biothérapies) ne semblent pas associés à un surrisque de développer une forme sévère de COVID-19. A ce jour, la vaccination contre la COVID-19 n’a pas été associée à la survenue de poussées de MICI ou à l’aggravation d’une poussée en cours. 11
  • Il est donc recommandé à tous les patients atteints de MICI de se faire vacciner contre la COVID-19 avec un vaccin à ARNm, même s’ils sont en poussée de la maladie (primovaccination en 2 ou 3 doses, avec 1 dose de rappel). 11
  • La vaccination contre la COVID-19 est recommandée avant l’introduction d’un traitement immunomodulateur. Néanmoins il n’est pas recommandé d’interrompre ou de reporter la mise en place du traitement pour administrer le vaccin. 11


À lire aussi

Échographie gastro-intestinale

Partenariats


AINS : anti-inflammatoires non stéroïdiens. ALAT : alanine aminotransférase. ANCA : anticorps anti-cytoplasme des polynucléaires neutrophiles. ASCA : anticorps anti-Saccharomyces cerevisiæ. CF : calprotectine fécale. CMV : cytomégalovirus. CRP : protéine C-réactive. EBV : virus d'Epstein-Barr. gamma-GT : gamma-glutamyltranspeptidase. HPV : papillomavirus humains. MC : maladie de Crohn. MICI : maladie inflammatoire chronique intestinale. NFS : numération formule sanguine. TNF : facteur de nécrose tumorale. VHC : virus de l'hépatite C. VIH : virus de l'immunodéficience humaine.
  1. SNFGE. Collégiale des Universitaires en Hépato-Gastro-Entérologie. Elsevier Masson, 2015.
  2. Vigneron B, et al. Maladie de Crohn et rectocolite hémorragique. La revue du praticien. 2011;61:1453-1460.
  3. L’assurance maladie. Maladie de Crohn. Disponible sur le site https://www.ameli.fr (consulté en septembre 2023).
  4. Feuerstein JD, et al. Crohn Disease: Epidemiology, Diagnosis, and Management. Mayo Clin Proc. 2017;92(7):1088-1103.
  5. Naudin D, et al. Guide de l’éducation thérapeutique du patient. Fiche 50: Processus inflammatoires et infectieux. Elsevier Masson, 2016.
  6. Viennot S, et al. Diagnostic initial, suivi des MICI et détection des complications (Reco ECCO-ESGAR 2019). POST’U. 2020. Disponible sur le site https://www.fmcgastro.org/texte-postu/postu-2020-paris/diagnostic-initial-suivi-des-mici-et-detection-des-complications-reco-ecco-esgar-2019/ (consulté en septembre 2023).
  7. HAS. Actes et prestions. ALD n°24. Maladie de Crohn. 2019.
  8. Torres J, et al. ECCO Guidelines on Therapeutics in Crohn's Disease: Medical Treatment. J Crohns Colitis. 2020;14(1):4-22.
  9. CREGG. Faure P. MICI mémo - Vaccinations et MICI sous immunosuppresseurs. 2015. Disponible sur le site https://www.cregg.org/fiches-recommandations/vaccinations-et-mici-sous-immunosuppresseurs/ (consulté en septembre 2023).
  10. HCSP. Vaccination des personnes immunodéprimées ou aspléniques - Recommandations. 2014.
  11. GETAID. Mise à jour des recommandations du GETAID sur COVID-19 et vaccination chez les patients atteints de maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI). Disponible sur le site https://www.getaid.org/wp-content/uploads/2021/01/COVID-19_Recommandations-GETAID-sur-COVID-19-et-vaccination-chez-les-patients-MICI-texte-court-MAJ2_V2.GBDL_.pdf (consulté en septembre 2023).

FR-IMMG-220062-02/2024